Qu’est-ce que l’urbanisme ?
L’urbanisme est un terme générique qui désigne l’étude du développement urbain. Il englobe des recherches interdisciplinaires sur les villes, à la croisée de disciplines telles que la sociologie urbaine et l’histoire, la géographie et l’économie, la science politique et le droit, ainsi que l’urbanisme, la planification des transports, l’architecture, etc.
Une brève histoire de l’urbanisme
Les premières villes sont apparues il y a des milliers d’années, en Mésopotamie, en Égypte et en Inde. Ces villes étaient souvent des centres religieux, politiques et économiques, et leur développement a été marqué par des innovations architecturales et technologiques.
Le premier « urbaniste » peut être considéré comme le philosophe grec Platon (428-347 av. J.-C.), qui vivait à Athènes et s’interrogeait déjà sur l’optimisation de la population urbaine afin de gérer la ville de manière plus efficace. Dans ses écrits, Platon utilise plus souvent le terme « État », car la Grèce antique était caractérisée par un système administratif territorial spécifique, celui de la cité-État ou de la polis [Platon, 1990].
Selon Platon, la population de la polis ne devait pas dépasser 5 040 personnes, sans compter les esclaves, les femmes et les enfants. Il proposait d’expulser les « excédents » de population dans des colonies, et de simplement éliminer les enfants nés avec des handicaps physiques, hors mariage, ou même en mariage, mais de parents âgés. Platon proposait de fixer l’âge de procréation des hommes entre 30 et 55 ans. Selon lui, cela permettrait d’organiser de manière optimale la gestion et la défense de la ville.
Au Moyen Âge, les villes européennes ont connu une croissance importante, notamment grâce au développement du commerce et de l’artisanat. Les villes médiévales étaient souvent fortifiées et organisées autour d’un centre commercial ou religieux.
La Renaissance a marqué un tournant dans l’histoire de l’urbanisme, avec l’essor de nouvelles idées sur l’aménagement urbain et l’architecture. Les villes de la Renaissance étaient caractérisées par des plans réguliers, des rues larges et des places publiques.
Au XIXe siècle, la révolution industrielle a conduit à une urbanisation massive, avec l’arrivée de millions de personnes dans les villes à la recherche de travail. Cette période a été marquée par des problèmes sociaux et économiques importants, tels que la pauvreté, la surpopulation et la pollution.
Au XXe siècle, l’urbanisme a connu de nouvelles avancées, avec l’essor de la planification urbaine moderne et le développement de nouveaux concepts tels que la ville-jardin et la ville nouvelle. L’urbanisme moderne s’est concentré sur la création de villes plus fonctionnelles, plus durables et plus agréables à vivre.
Classification des villes
Les villes peuvent être classées selon différents critères, tels que leur taille, leur fonction, leur structure, leur histoire et leur culture.
- Par taille: Les villes peuvent être classées en petites, moyennes et grandes villes.
- Par fonction: Les villes peuvent être des centres commerciaux, industriels, administratifs, touristiques, etc.
- Par structure: Les villes peuvent être organisées de manière radiale, concentrique ou en réseau.
- Par histoire: Les villes peuvent être anciennes, médiévales, modernes ou contemporaines.
- Par culture: Les villes peuvent être caractérisées par une culture spécifique, telle que la culture latino-américaine, la culture asiatique ou la culture européenne.
Les principes de l’urbanisme moderne
L’urbanisme moderne est né en 1999 avec la publication de la Charte du nouvel urbanisme par un groupe d’universitaires et d’activistes citoyens européens et américains. Ce texte a proclamé que la mission principale de l’urbaniste est de rendre les villes agréables et confortables pour les citoyens.
Voici les dix principaux principes du nouvel urbanisme. Selon la charte, la ville moderne doit :
- Être en harmonie avec la nature – surveiller attentivement l’écologie et compenser tout dommage causé à l’environnement.
- Respecter les traditions et la culture des habitants – les développer et les soutenir, plutôt que de tenter de les remplacer.
- Utiliser des technologies écologiquement viables – employer les ressources, les systèmes d’infrastructure et les méthodes de construction les plus appropriés. Si une usine d’asphalte est située à proximité, il est préférable d’utiliser de l’asphalte pour les rues plutôt que de commander des pavés d’une usine dans une région voisine.
- Créer des zones de communication et de loisirs agréables – offrir aux habitants autant d’opportunités que possible pour se rencontrer et partager des activités. Un espace public idéal correspond à la structure des relations sociales des citadins. La ville a besoin de parcs pour se promener en solitaire, de terrains de jeux pour les enfants et de centres commerciaux pour acheter tous les produits nécessaires.
- Être efficace – le territoire de la ville doit être utilisé de manière optimale pour toutes les activités des habitants. Les conduites doivent être posées selon les trajets les plus courts, les gens ne doivent pas faire la queue pendant des heures dans les musées et il doit y avoir suffisamment de terrains de jeux pour que les enfants ne se heurtent pas.
- Respecter l’échelle humaine – l’espace doit être conçu de manière à ce que l’homme puisse répondre à un maximum de besoins en se déplaçant à pied. L’épicerie ou l’école doivent être dans la cour, et non à l’autre bout de la ville. Ou, au moins, à proximité d’un arrêt de bus ou d’une station de métro.
- Créer une « matrice d’opportunités » – s’efforcer de réduire les inégalités économiques et de genre et de donner à tous les groupes de personnes des chances égales de développement.
- S’intégrer dans la région – interagir avec le territoire dans lequel il est situé, plutôt que d’en extraire des ressources.
- Créer un système de circulation équilibré – la ville doit développer de manière harmonieuse différents systèmes de transport – transports en commun, routes, pistes cyclables et trottoirs pour piétons.
- Être cohérent en termes d’institutions – un urbanisme intelligent n’est possible que dans le cadre de structures de pouvoir responsables, transparentes et démocratiques. Les citoyens doivent avoir la possibilité de participer aux processus de planification urbaine par le biais d’audiences publiques et d’autres institutions.
Les avantages de l’urbanisme
L’urbanisme est une science qui vise à améliorer les villes. L’intégration de ses principes dans la planification urbaine est bénéfique pour tous les principaux groupes d’intérêts.
Pour les citadins, l’urbanisme est bénéfique car :
- Il améliore la qualité de vie.
- Il rend les biens économiques et sociaux plus accessibles.
- Il favorise le développement des communautés locales.
- Il améliore l’accès aux transports, réduit les embouteillages.
- Il crée un environnement propice au développement personnel.
- Il simplifie la vie des personnes à mobilité réduite.
- Il rend la ville plus belle et plus agréable à vivre.
L’urbanisme est également avantageux pour les entreprises, en particulier les petites et moyennes entreprises :
- Une approche urbanistique des transports augmente le pouvoir d’achat des consommateurs en réduisant les dépenses des ménages en voitures et en essence.
- L’intégration des entreprises dans les communautés locales leur donne un avantage en matière de marketing.
- La réduction du nombre de places de parking diminue le coût des loyers.
L’urbanisme est extrêmement bénéfique pour les autorités municipales et les services municipaux :
- Le développement d’un environnement commercial local assure une augmentation des recettes fiscales.
- La réduction de la congestion routière et l’abandon de la construction de nouveaux échangeurs permettent d’économiser de l’argent au budget municipal.
- Un environnement urbain confortable renforce la confiance des citoyens envers les autorités.
- Une ville sûre, belle, inclusive et avec un niveau de vie élevé est plus stable politiquement et économiquement.
Terminologie de l’urbanisme
Voici une explication de quelques termes clés utilisés dans le domaine de l’urbanisme :
- Gentrification : Un processus de rénovation et de mise à niveau des bâtiments dans des quartiers urbains autrefois peu chics, soit dans le cadre d’un programme de revitalisation urbaine planifié, soit en raison de décisions prises par les propriétaires et les gestionnaires immobiliers. La gentrification entraîne une augmentation du niveau de revenu moyen des habitants du quartier en raison du remplacement des habitants à faibles revenus par des habitants plus aisés.
- Migration pendulaire : Des déplacements réguliers de la population d’une partie de la ville à une autre (d’une banlieue au centre-ville). En raison de cela, le territoire source des migrants pendulaires est pratiquement « déserté » pendant une certaine période.
- Espace public : Un espace urbain ouvert et non construit, accessible à tous les habitants et visiteurs de la ville. Au sein de la ville, il est considéré comme un bien commun.
- Transport durable : Toute forme de déplacement ayant un impact négatif réduit sur l’environnement.
- Architecture « Birdshit » : Un terme inventé par Jan Gehl pour décrire les constructions qui ont fière allure vues d’en haut, mais qui s’avèrent totalement inadaptées à une vie normale lorsqu’on les examine de près.
- Brownfield : Anciennes zones industrielles, désaffectées ou sous-utilisées, généralement industrielles, qui ont un potentiel de réutilisation et de redéveloppement.
- Sneckdown : Lorsqu’une chute de neige révèle la quantité d’espace inutilisée par les voitures dans la ville.
- Urbanisme tactique : Un terme générique qui décrit les méthodes permettant de modifier rapidement l’environnement urbain. Le designer urbain Eric Reynolds a décrit ce terme comme « Facile. Rapide. Pas cher ». Des constructions légères, imitant les changements prévus dans l’environnement urbain, sont utilisées pour analyser la réaction des utilisateurs et prendre une décision finale quant à la nécessité de ces changements.
- Satellisation (création de « villes satellites ») : Un concept de développement urbain en dehors du centre principal, où des quartiers individuels sont planifiés et construits à l’avance comme étant autosuffisants.
- Top-Down et Bottom-Up : Des modèles de gouvernance urbaine où l’initiative provient respectivement des autorités et des habitants de la ville.